VOYAGES INTÉRIEURS

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Faire du bien ou du mal

762 Ombre et lumière
762 Ombre et lumière

Je suis fasciné par le livre de Bahrâm Elâhi, le deuxième, La voie de la perfection, et aussi par le livre sur la réincarnation que je lis de concert. Des tas de choses me semblent devenir évidentes, comme les pièces d’un puzzle qui viendraient se placer dans les parties obscures de l’image de la vérité. Par exemple, les questions de nos péchés, qui nous font souffrir inlassablement jusqu’à ce que nous ayons compris nos erreurs et que nous y renoncions définitivement. Ça peut durer des dizaines d’années ou même des dizaines de vies. Tant qu’on est endormi, on est comme aveugle, on ne voit rien, on ne fait pas le rapport entre la cause et son effet, aussi étrange que cela puisse paraître ; d’ailleurs, même quand quelqu’un vous le dit, on ne l’écoute pas, on le traite de fou, on est sûr d’avoir raison et on persiste dans son erreur en souffrant, comme lorsqu’on fume et se réveille en toussant, ou qu’on boit trop et se réveille avec la gueule de bois.

Mais on oublie ces douleurs et on recommence. La tentation revient toujours, pour tâcher de nous séduire. Et pourtant, un jour, il semble qu’on en est libéré, qu’on a compris définitivement. Mais suffit-il de se guérir petit à petit de tous ses défauts ? Si on ne fait plus rien de mal, est-ce que cela veut dire qu’on fait du bien ? Pas nécessairement. Alors, vaut-il mieux ne faire ni mal ni bien, ou un peu de mal et un peu de bien, ou un peu de mal et beaucoup de bien ? Ou est-ce que quand on est délivré du mal, on fait nécessairement du bien, déjà par l’exemple qu’on donne aux autres ? Je ne suis pas encore très au clair sur cette question. Je vois assez bien comment essayer de ne plus faire de mal, comment être conscient de ses mauvaises actions, paroles ou pensées, et comment travailler, en les prenant une à une, à s’en débarrasser petit à petit. Mais que veut dire faire du bien ou aider les autres ? Est-ce d’abord ne pas leur faire de mal ; ou les aider matériellement et spirituel­lement ; ou les soutenir moralement, leur parler, leur sourire, leur réchauffer le cœur. 

Le problème, c’est qu’on pense souvent faire du bien pour aider quelqu’un, mais le résultat est négatif. Peut-être qu’en faisant quelque chose qui ne semble au premier abord pas très gentil, ou en refusant d’aider quelqu’un, on lui fera en fin de compte plus de bien. Ou ne faut-il agir, faire ou dire quelque chose, que quand on est poussé à le faire par une intuition, un élan, qui ne vient pas de notre raison, mais de ce que Dieu nous demande de faire. Tant que rien ne vient, ne vaut-il pas mieux ne rien faire (le wu wei*) ? Le jour où l’on comprendra ce qu’il faut faire de bien, comme on a compris ce qu’il ne faut pas faire de mal, il sera sans doute temps d’agir. Mais ce n’est peut-être pas encore le moment. Ou est-ce que je fais du bien sans m’en rendre compte ? Ce que je fais, ce que j’étudie maintenant, me permettra peut-être de faire du bien dans le futur. Les actions désinté­ressées, qui ne servent pas à satisfaire son ego, ont sûrement une autre utilité, qu’on ne perçoit pas, car aucun travail n’est inutile, aucune dépense d’énergie n’est simplement perdue. 

J’espère que l’avenir me le montrera, et que je trouverai un jour la pièce du puzzle qui me manque encore aujourd’hui. 


Wu wei (chinois) : littér. ne pas faire, non-action. Le wu wei est une philosophie de vie prônée par les taoïstes, qui consiste à s’abstenir de toute intention d’accomplir quoi que ce soit. Le pratiquant du wu wei se contente de suivre le flux de la vie en répondant spontanément aux besoins et aux demandes qui se présentent.

 

27 juillet 1986, Faaa (Tahiti)

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