Claire conscience
Percevons la présence constante de la claire conscience (clear awareness). Comme un miroir, elle reflète tous les phénomènes, les apparences, dont elle est indissociable et qui se déploient en un flux incessant, mais vide de toute substance. La conscience est présente, mais elle n’a pas de forme, elle n’est pas localisée dans un endroit précis, et n’appartient ni au sujet ni à l’objet ; elle est là, mais elle est insaisissable et indéfinissable.
Si des impressions des sens ou des pensées surgissent, elle reflète leur présence, sinon, elle reflète leur absence, sans être jamais perturbée par ce qu’elle reflète. Elle est paisible, pure, lumineuse, impassible et impersonnelle. Si on se fond en elle, l’ego disparaît, avec ses réactions, ses désirs, ses attachements, ses aversions, ses craintes, ses émotions et son agitation. Tout ce qui défile sur l’écran de la conscience n’est qu’une suite d’images illusoires sans solidité, sans réalité, sans importance. Il n’y a rien à ajouter ou retrancher, donc rien à faire, ni personne pour faire quoi que ce soit ; sinon rester dans cette présence, dans la vue de cette réalité sans en être distrait, et la faire découvrir par compassion à ceux qui souffrent en l’ignorant. Toutes les images que reflète la conscience sont fraîches, nouvelles, pures, dénuées de tout concept : admirerons leur beauté, leur variété, leur ingéniosité ; émerveillons-nous devant le processus de la vie, qui permet au monde et à l’univers de fonctionner grâce à la nature subtile des interrelations et de la causalité, comme un film fonctionne grâce à la technologie subtile du cinéma. Les apparences existent, mais elles ne sont que les images impersonnelles et fugaces d’un spectacle illusoire ! Il n’y a pas lieu de les prendre au sérieux.
9 mars 1992, Hua Hin