La nature de bouddha
7 heures, expérience de la nature de bouddha : une présence, une pure présence, la conscience intrinsèque, demeurer en elle, la vue, rigpa*, ma propre nature, vide, pure, claire, joyeuse, chaude, connaissante, sage, aimante, toujours là, dans le cœur, permanente et immuable ; tout le reste est sans importance, futile, illusoire. Rester tout le temps en elle, sans être distrait, c’est l’illumination ! La faire grandir, la cultiver et reposer en elle, sans être affecté par le monde de la manifestation, mais plein d’amour et de compassion pour lui et ses souffrances. La vision sacrée, la vue du dzogchen* qui tranche l’illusion. Cette présence n’est pas née et ne meurt pas, n’est pas conditionnée, blessée, malade, ne vieillit pas et ne souffre pas, elle est, tout simplement, vide, mais enceinte de tous les potentiels. Toutes les manifestations sont ses expressions, sa danse, et sont inséparables d’elle. Les cinq agrégats* se transforment en cinq sagesses ! La nature de bouddha est toujours là, mais parfois elle est très grande et les illusions deviennent petites et même disparaissent ; et parfois elle devient petite et même disparaît, et les illusions deviennent grandes et écrasantes. Le secret est de toujours en être conscient, de ne pas être distrait par les illusions, alors les illusions ne peuvent pas entrer, on ne les trouve plus : comme sur une île d’or, où l’on ne trouve pas de cailloux ordinaires !
* Rigpa (tibétain) est un terme utilisé dans le dzogchen pour désigner la nature de l’esprit : la conscience éveillée ou la pure présence.
* Dzogchen (tibétain) : littér. la grande perfection. Doctrine de l’école nyingma du bouddhisme tibétain, introduite au Tibet au huitième siècle par Padmasambhava. Ses adeptes considèrent le dzogchen comme un enseignement secret du Bouddha et comme le niveau suprême de tous les enseignements bouddhiques.
* Agrégat (pali : khandha) : khandha signifie agrégat, tas, ensemble. Les cinq agrégats sont, selon les bouddhistes, les cinq grandes catégories – ou ensembles d’éléments – qui constituent l’être humain. Il s’agit de l’agrégat matériel : le corps (rupa), et des quatre agrégats mentaux : la sensation (vedana), la perception (sañña), les formations mentales (sankhara) et la conscience (viññana).
20 mai 1994, Santa Cruz (Californie) (retraite avec Ayya Khema)