L’inspiration du bouddhisme
J’ai commencé à relire des livres sur le bouddhisme, et j’y retrouve une inspiration que j’avais un peu perdue. J’ai encore tous les livres merveilleux qui m’avaient tant inspiré dans le passé : je n’ai que l’embarras du choix. J’ai lu du theravada*, du zen, et maintenant je suis dans le bouddhisme tibétain et le dzogchen*. Il me semble qu’il y a quand même une dimension supplémentaire dans le bouddhisme que je ne trouve pas dans l’hindouisme, en tout cas dans la non-dualité telle qu’elle est enseignée en Occident. Il n’y a que l’aspect sagesse, c’est souvent très intellectuel et un peu sec. Il manque les rituels, les cérémonies, la dévotion, l’amour et la compassion, la bodhicitta*, la méditation et les pratiques (autres que le yoga), la discipline et la moralité, le mysticisme, et l’inspiration de la vie des maîtres du passé. J’ai ressorti dernièrement, alors que j’étais un peu grippé, le grand livre illustré sur Dilgo Khyentsé (Journey to Enlightenment, de Matthieu Ricard), regardé les images, lu les légendes, les poèmes et les textes sur la vie de Dilgo Khyentsé. Cela a fait remonter beaucoup de souvenirs : mes voyages au Tibet et au Népal, les retraites dzogchen, en particulier celle de Prapoutel en 1990. Peut-être que le travail sur le Journal de 1989 à 1991, les années où ma passion pour le bouddhisme était au plus haut, y est aussi pour quelque chose. J’aimerais retrouver cette inspiration, et je la retrouve. D’ailleurs, peut-être plus pure qu’à l’époque, où je passais par de fréquentes périodes de doute et aussi de réaction, en particulier contre le bouddhisme tibétain, et contre Ariella qui l’incarnait dans ma vie. Mais je me rends compte que je n’ai pas perdu la connexion, d’ailleurs je continue à faire tous les matins avec beaucoup de plaisir les pratiques de Sogyal Rinpoché (ngöndro*, Vajrakilaya, Tendrel Nyesel et Riwo Sangchö). Et, depuis hier, j’ai commencé à réciter le Mani*. J’aimerais en réciter six cent mille (l’engagement que j’avais pris en 1988), ou même un million (avec les intérêts). Est-ce que cette fois j’y réussirai ?
* Theravada (pali) : littér. doctrine des Anciens. Seule école du bouddhisme hinayana – le petit véhicule – qui ait subsisté jusqu’à nos jours, le theravada est considéré comme la forme la plus ancienne du bouddhisme, et son Canon, rédigé en pali, serait la transcription fidèle des enseignements du Bouddha. Le theravada est pratiqué dans les pays du Sud-Est asiatique : Sri Lanka, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge.
* Dzogchen (tibétain) : littér. la grande perfection. Doctrine de l’école nyingma du bouddhisme tibétain, introduite au Tibet au huitième siècle par Padmasambhava. Ses adeptes considèrent le dzogchen comme un enseignement secret du Bouddha et comme le niveau suprême de tous les enseignements bouddhiques.
* Bodhicitta (sanscrit) : littér. esprit d’éveil. C’est l’aspiration à atteindre l’éveil afin de pouvoir libérer tous les êtres vivants des souffrances du samsara*. La bodhicitta est un des fondements du bouddhisme mahayana.
* Ngöndro (tibétain) : pratique quotidienne du bouddhisme tibétain (et du dzogchen en particulier) qui comprend la prise de refuge et les prosternations, la pratique de guérison de Vajrasattva, l’offrande du mandala et le guru yoga.
* Mani : abréviation pour Om Mani Padme Hum, le mantra d’Avalokiteshvara (tibétain : Chenrezig), le bodhisattva de la compassion. C’est le mantra le plus récité par les Tibétains.
15 mars 2015, Chiang Mai